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Mao ou le retour fantastique de Rumiko Takahashi

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 Mao (série en cours), Rumiko Takahashi (scénario et dessin). Editions Glénat, 192 pages, 6,90 euros.

Collégienne de troisième année, Nanoka Kiba a perdu ses deux parents dans un accident alors qu’elle n’avait que sept ans. Un terrible événement qui la hante encore malgré le peu de souvenirs qu’il lui reste, dont une énigmatique image d’une créature se tenant au-dessus d’elle. Un jour, elle décide de revenir sur les lieux du drame, là même où la route s’est effondrée sous la voiture familiale. Sans comprendre ce qu’il lui arrive, elle se retrouve projetée un siècle plus tôt, en pleine ère « Taisho ».

Dans ce Japon du début du XXe siècle, elle fait la connaissance (brutale) de Mao, un chasseur d’esprits (ou yôkai), héritier d’une caste de docteurs mystiques surnommés les maîtres omnyos. Ce dernier est intrigué par la force cachée qui se dégage de Nanoka. À la recherche de la créature qui l’a maudit il y a 900 ans (le mystérieux démon-chat Byoki), Mao, accompagné de son fidèle Otoya, va s’efforcer d’aider Nanoka à lever le voile sur sa véritable nature…

Grand Prix 2019 du Festival international de la BD d’Angoulême, Rumiko Takahashi fait son grand retour à travers un conte fantastique faisant la part belle à l’imaginaire japonais ancien. Popularisée en France avec l’indémodable série Ranma ½, adaptée en dessin animé (qui passait dans le Club Dorothée), mais aussi Lamu ou Maison Ikkoku (Juliette je t’aime), cette grande dame du manga n’a rien perdu de son talent.

On retrouve dans Mao un condensé de son art mélangeant action, drame, horreur, humour, voyage dans le temps et évidemment… romance. Un cocktail qui devrait satisfaire aussi bien ses premiers fans que les (rares) lecteurs qui ne la connaissent pas.

Comme souvent avec Rumiko Takahashi, on entre dans le vif du sujet dès les premières planches avec la présentation des personnages principaux : Nanoka, une jeune fille aux allures de garçon manqué à la recherche de son identité (tiens, ça nous rappelle Ranma) et Mao un jeune guerrier maudit en quête de rédemption et de réponses.

La force de ce manga réside dans son rythme (à 100 à l’heure) et ses chapitres foisonnant de créativité. Les créatures rencontrées au fil des pages (tantôt une mante religieuse géante, tantôt un loup mangeurs d’hommes) renvoient aux légendes et traditions ancestrales du Japon. Ces fameux ayakashi (ou fantômes) qui aiment influencer les humains en prenant différentes formes.

A ce sujet, je ne saurais vous conseiller l’excellent sud-coréen The Strangers de Na Hong-jin qui aborde également le thème de l’exorcisme mais de façon plus dramatique. Mao, à classer dans la catégorie shônen, s’adresse plutôt à un public d’adolescents et de jeunes adultes. On notera l’humour candide et décalé et le ton souvent léger employé devant la gravité de certaines situations. Une antinomie qui fait la marque de fabrique de « la reine du manga ».

Mao rappelle d’ailleurs une autre de ses série, Inuyasha, où elle raconte la destinée d’une jeune fille projetée dans le passé pour lutter contre des yokais et des mononoke aux côtés d’un puissant maître.

Sur le plan graphique, la mangaka n’a rien changé à son style vif et percutant. Les scènes d’action font mouche, tout comme les gros plans souvent utilisés pour révéler l’expressivité des personnages. On notera également un découpage des cases dynamique. Une série fantastique et prometteuse qui ravira les amateurs du genre.

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