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Naples : joyeuse et débrouillarde

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C’est un beau portrait de cette ville que nous donne à lire Philippe Vilain.

 

Philippe Vilain rend un puissant hommage à l’esprit napolitain.

Depuis une vingtaine d’années, Philippe Vilain éprouve une passion pour Naples. Dans ce texte intime, il raconte son éblouissement pour cette ville où il a décidé de vivre; il évoque sa beauté baroque, ses couleurs et ses fêtes, son allégresse et des croyances, ses contrastes et ses énigmes.» C’est en ces termes que l’éditeur présente l’essai Mille couleurs de Naples, de Philippe Vilain. C’est bien vu. De cet excellent écrivain, on attendait plutôt un roman qu’un essai sur une ville. Styliste remarquable, observateur délicat et pudique des passions amoureuses, Philippe Vilain nous a déjà donné des fictions admirables, dont Pas son genre (Grasset, 2011), porté à l’écran par le cinéaste Lucas Belvaux.

Ici, on retrouve l’âme du romancier bien plus que celle du journaliste ou de l’universitaire qui regarde, analyse et rapporte. Comme l’ont fait avant lui Stendhal, Loti et Maupassant, Philippe Vilain sent les lieux. Il nous fait partager ici tout son amour pour Naples, ville souvent mal-aimée à cause des craintes engendrées par la Camorra et le Vésuve. À l’opposé, il met en exergue le fait que Naples demeure une ville de tolérance, «une singulière terre d’accueil où il n’y a jamais eu de ghetto: où les Juifs, persécutés en Espagne, venaient se réfugier pendant l’Inquisition qui n’a jamais pu entrer dans ses murs (…); où les femminielli – ces hommes devenus femmes, ces migrants du troisième sexe, hermaphrodites blondasses et lipeuses aux poitrines généreuses souvent – ont été adoptés dans les quartiers populaires».

«On ne vient pas à Naples pour réussir socialement ou devenir un petit-maître du capitalisme.»

Philippe Vilain

Il emploie aussi cette belle phrase, toute empreinte de raison et de portée politique: «On ne vient pas à Naples pour réussir socialement ou devenir un petit-maître du capitalisme, mais, de façon bien plus ambitieuse et plus sage, pour apprendre le métier de vivre que professe la philosophie grecque.»

Il loue également le côté débrouillard du peuple napolitain qui «vit avec fatalisme dans une précarité spectaculaire, il ne geint ni ne chôme pas, il jouit de son infortune tout en se débrouillant, en rendant des services, parfois de manière illégale, pour gagner son pain et nourrir son orgueil.»

C’est un beau et juste portrait de Naples que nous donne à lire Philippe Vilain. On n’en attendait pas moins de ce grand écrivain.

PHILIPPE LACOCHE

Mille couleurs de Naples, Philippe Vilain; éd. Stilus; coll. Belle Plume; 102 p.; 16 €.

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