
Il revient dans le box des accusés au début de l’été. Pas franchement serein mais un peu calmé quand même. Par le truchement d’un interprète en langue arabe, Nareim, sa petite, jeune et jolie femme, réitère ses graves accusations : des violences régulières, des rapports forcés, des humiliations (il lui aurait uriné au visage).
Sébastien bout, Sébastien monte en pression, Sébastien éructe : « Eh, je ne l’ai jamais frappée, madame la juge. Elle m’a volé 10 000 euros. Elle s’est barrée chez sa sœur à Marseille. Je lui ai tout donné à cette femme. Mais c’était pour les papiers ! Et moi, trop con… Elle dit que je bois alors que je suis devenu musulman ! Les cicatrices, elle se les est faites toute seule. C’est elle qui m’a frappé ! » Très agité, il montre son épaule : « Madame, elle m’a croqué là, ça m’a monté jusqu’au cerveau. Quand je lui demandais pour nin-nin-nin (ndlr : silence gêné) Pour faire l’amour, quoi, elle me disait c’est 60 euros. Eh ! T’es pas une pute ! T’es ma femme ! Le pire, c’est qu’au fond de mon cœur, je l’aime. Même elle, elle m’aime . Au début, elle me faisait la maison propre, des bons repas… Ma famille, elle a été au bled. Ils ont vu sa famille, des gens très bien… sauf elle. Eh madame, si vous saviez qu’est-ce qu’ils disent d’elle, au Maroc ! Avec cette histoire, même si je suis libéré, je vais faire un an pour je ne sais même pas pourquoi . (Il se tourne vers elle.) Faut qu’elle le sache. »
Là, c’est un peu technique. Certes, Sébastien est en détention provisoire depuis un mois, mais la veille de l’audience, le juge d’application des peines lui a signifié la mise à exécution d’une sanction d’un an, prononcée il y a quatre ans, un peu endormie dans les tiroirs de la justice. Même s’il était relaxé ce jour, il resterait en taule.
Or il est relaxé ! « Faute de preuves suffisantes de violences habituelles sur la période visée. » Sébastien repart entre deux surveillants pénitentiaires. En colère.
L’article Grosse colère est apparu en premier sur Courrier plus.