Le Vent des libertaires, tome 2, Philippe Thirault (scénario), Roberto Zaghi (dessin), Annelise Sauvêtre (couleurs). Editions Humanoïdes associés, 56 pages, 14,50 euros.
Le premier volet de cette saga librement inspirée de la vie de Nestor Makhno s’achevait sur la première victoire de l’anarchiste ukrainien: la libération de sa ville de Gouliaï-Polié et la mise en place d’une commune libre, des anciens koulaks comme des commissaires du peuple bolcheviks. Tel Cincinnatus, Makhno se faisait alors de nouveau fermier. Mais au printemps 1918, le traité de Brest-Litovsk laissant l’Ukraine aux Allemands, il lui faut reprendre les armes et remobiliser sa “makhnovtchina”, derrière son drapeau noir à tête de mort. Les premiers combats sont difficiles, Makno manque de se faire capturer, mais la révolte du peuple ukrainien lui donne la victoire. Dans la foulée, il est sollicité par Trotsky pour mener le combat contre les Blancs, alors que la guerre civile s’intensifie en Russie. Mais bientôt, les makhnovistes devront aussi se battre contre les bolcheviks. Jusqu’à succomber contre leurs trop nombreux ennemis.
Reprenant le principe du grand flashback depuis les derniers jours de sa vie à Paris, ce second volet de la vie de Makhno est plus épique, violent, centré sur le chef de guerre. Très rythmé, dessiné de manière classique mais dynamique par l’italien Robert Zaghi, le récit est prenant.
Et s’il emprunte une lecture très “makhnovienne” – allant jusqu’à faire le lien entre Makhno et la révolution de Maïdan – le scénario de Philippe Thirault n’omet pas d’évoquer les zones d’ombres du leader, sa violence, sa manière très cavalière de séduire les séduisantes femmes de son Etat-major tandis que son épouse poursuivait son engagement d’espionne pour la cause. Ironie de l’histoire, lui qui aura vécu dans le tumulte de la révolution et la violence armée succombera dans son lit de la tuberculose. Et le mythe de ce communisme libertaire survivra jusqu’à aujourd’hui, mythe auquel ce diptyque participe à redonner donc une certaine actualité.
A noter qu’un coffret réunissant les deux albums paraîtra début novembre, au prix de 28,99 euros.
L’article Jusqu’au dernier souffle libertaire de Makhno est apparu en premier sur Courrier plus.