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Hélène Bruller vieillit bien

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J’veux pas vieillir, Hélène Bruller. Editions Hugo Desinge,

Après avoir cherché vainement le prince charmant, s’être interrogée sur la fidélité des filles et supporté avec ses copines les déchirements d’une séparation, Hélène Bruller, à 47 ans, fait le constat donc des signes de la vieillesse qui approche. Avec ces changements physiques pas du tout esthétiques, ce ramollissement des chairs, ces cheveux qui grisonnent, ce moment où des types de 15 ans vous laissent leur place dans le bus, cet instant où l’on ne rêve définitivement plus à être le plus âgé, où l’on ne comprend plus le langage téléphonique de ses enfants. Où il y a cette sensation de déjà vu inversé, quand on se revoit jeune répondre à sa mère ce que son propre ado nous renvoie. Ce douloureux « entre deux âges », cet étrange basculement dans cet univers de ces « être venus d’ailleurs » : les vieux. Un âge angoissant d’abord, mais qui présente aussi quelques avantages, comme la seconde partie de l’album le rappelle. Et notamment cette indéniable liberté de… « ne plus rien avoir à foutre du regard des autres ».

Hélène Bruller ne veut pas vieillir. Du moins son personnage de femme de 47 ans prénommée Hélène et dont il n’est pas forcément important de savoir si les anecdotes relèvent de l’autobiographie, de l’autofiction ou du pur imaginaire ou d’un savant mélange des trois (du point de vue du physique, c’est incontestablement de la pure caricature !). Ce qui compte surtout, c’est que ce portait de femme abordant avec angoisse la cinquantaine sonne très vrai. Très juste. Parfois cru. Et férocement drôle, surtout.
En une ou deux planches, cette succession d’historiettes-gag y va à fond sur tous les petits soucis quotidiens de future quinquagénaire. Les regrets sur sa vie et les remarques cinglantes sur celle des autres. L’album parle surtout des femmes (dont quelques pages récurrentes et fort réussies sur les parallèles de look et d’attitude entre les femmes de 25 et de 47 ans) et parlera donc sans doute surtout aux lectrices. Mais les hommes ne sont pas totalement oubliés. Ils prennent cher aussi (sur leur décadence physique ou leur inclination à chercher des « gamines » de 25 ans ou à jouer les vieux beaux) et, de ce fait, la lecture peut aussi leur être conseillé !
Et derrière la dureté, parfois plombante, de la première partie – accentuée par un trait caricatural qui n’enjolive pas les choses – c’est une jolie petite leçon de vie et de sagesse que livre finalement ici Hélène Bruller. Et, déjà, en montrant que vieillir, ça peut aussi être drôle.

En plus, à quelques jours des fêtes, si vous vous creusez la tête pour trouver le cadeau à faire pour une femme approchant la cinquantaine, ne cherchez plus.

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