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Le pari tenu, en cinq points, des 23e Rencontres de la bande dessinée d’Amiens

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Pari osé, les 23e Rendez-vous de la bande dessinée d’Amiens dans leur nouvel « écrin » de l’ex-halle Freyssinet se présentent bien, en ce jour d’ouverture. Démonstration en 5 points.

Deux mois pour installer un festival de bande dessinée dans une vieille halle SNCF désaffectée implantée dans une friche d’un quartier en plein chantier de rénovation urbaine. Le pari pouvait sembler osé, voire frappadingue, mais il « a été tenu« , comme s’en est réjoui Alain Gest, président d’Amiens Métropole, ce vendredi 1er juin au soir lors de l’inauguration des 23e Rendez-vous de la bande dessinée d’Amiens dans la Halle Freyssinet.
Pari tenu et bien tenu même, pour cinq raisons au moins.

1 Un site bien choisi

Dernière fresque implantée, une vision bucolico-futuriste des hortillonnages par Reno (« Aquablue »)

Prolongement des fresques murales apposée sur les maisons en friche de la rue de la Vallée (enrichi depuis ce vendredi d’une nouvelle oeuvre, signé Reno, intégrant les robots aux paysages des Hortillonnages), la Halle Freyssinet apparaît déjà comme un lieu d’évidence pour héberger le festival de bande dessinée. L’association On a marché sur la bulle est installée une rue derrière, la fresque de Pozla qui orne la façade, face à la rue de la Vallée s’inscrit déjà fort bien dans le paysage urbain. Et ce choix valide l’intuition de Jean-Yves Bourgois (président de la SEM Amiens-Aménagement) et Jean-Christian Cornette, son directeur, de l’évidence d’associer l’univers de la bande dessinée à ce nouveau quartier en devenir. Comme le vecteur d’une nouvelle « ambition urbaine« , comme l’a souligné Jean-Yves Bourgois: « Dans ce nouveau coeur vibrant d’Amiens, nous célébrons le partage« . Car, pour le président de la SEM Amiens-Aménagement, l’implantation des dessins dans la rue « est un acte politique, mais ce n’est pas pour faire plus joli. Choisir le dessin comme outil de rapprochement, c’est choisir un langage commun, facile et direct. C’est un appel à mieux partager. » Manière également à travers le neuvième art d’inviter « à célébrer d’abord l’art de vivre. De cultiver l’art de vivre« .

2 Un soutien politique unanime

Du monde, et du beau monde, à la cérémonie d’inauguration du festival

Le changement de statut du festival amienois s’illustrait, lors de l’inauguration officielle ce vendredi, par la nature des responsables politiques présents : le président d’Amiens-Métropole (Alain Gest), la maire d’Amiens (Brigitte Fouré), le président du conseil départemental de la Somme (Laurent Somon), le vice-président du conseil régional en charge de la culture (François Decoster), le directeur de la DRAC Hauts-de-France (Marc Drouet). Un niveau de représentation assez inédit pour un festival de « petits mickeys ».

Surtout, au-delà de l’exercice de style habituel, les propos ont été particulièrement enthousiastes, traduisant bien sûr – personne n’en doute… – un soutien unanime et de longue date au projet d’implantation dans la Halle Freyssinet:  « Une nouvelle locomotive culturelle sur les rails d’une nouvelle aventure » pour Brigitte Fouré, filant la métaphore ferroviaire ; un « incroyable cadre » et une « ébullition » pour Alain Gest jouant joliment sur le sens du mot ; « un formidable pari » qui a « émerveillé » François Decoster, qui a assuré que la Région, avec Xavier Bertrand, était « très heureuse d’accompagner ce projet financièrement » et « qu’elle sera encore là pour aller plus loin l’année prochaine« , afin de faire d’Amiens un « rendez-vous national inconcontournable« . Et un « niveau supérieur » qu’il faudra « perpétuer » pour Jean-Yves Bourgois.

Enfin, dans un registre plus personnel – et sans conteste le plus original de la soirée, avec une intervention ponctuée… de dessins et d’images brandis à bout de bras – Laurent Somon a souhaité que ces Rendez-vous permette à la ville de devenir « ACBD: Amiens capitale de la BD » ; l’Association des critiques de bande dessinée ne devrait pas s’offusquer de cet emprunt de sigle… mais on conseille quand même de se rapprocher de la vraie ACBD (l’association des critiques de bande dessinée) avant de développer une stratégie marketing sur ce nom…

Autre signe de l’intérêt grandissant manifesté à l’événement, le nombre inédit aussi de participants à cette inauguration, dont quasi tout le monde culturel amiénois. Une curiosité qui devrait se poursuivre ce week-end dans une version plus grand public.

3 Un espace bien « occupé »

Première mise en espace avec du public, lors de la cérémonie d’inauguration.

On pouvait avoir quelques craintes sur la manière d’habiller cet espace rectangulaire et nu. Les « vagues » imaginées par l’atelier Lucie Lom de Marc-Antoine Matthieu apportent un premier élément de réponse satisfaisant, en cassant la verticalité et l’aspect « tunnel ». On pouvait aussi craindre malgré tout une impression de flottement ou d’écrasement sous l’impressionnante structure en béton armé. En fait, l’agencement réalise un mariage réussi entre les deux univers, sans faire oublier le passé et sans que celui-ci ne s’impose trop. L’aspect encore très « brut » et gris sale des murs, du plafond ou des sols renforce même la sensation de voir surgir des blocs blancs du sol, qui tranchent par leur côté immaculé dans la grisaille de fond.

De quoi donner envie d’aller s’y balader, même sans être un fan de bande dessinée. Ou qui pourrait justement créer des vocations. Car, côté BD, l’offre est aussi à la hauteur sur le programme et dans la diversité de l’offre de rencontres et d’échanges proposée.

4 Une pluralité d’offres de rencontres renforcée

Par la configuration des espaces, les dédicaces – à quoi se réduisent certains salons du genre et, malheureusement, l’intérêt d’une partie du public – apparaissent, dans l’espace du moins, comme encore plus secondaires que les années passées. Auditorium, enfilades d’expos, dessin en direct et en continu sur écran géant dès l’accueil, jeux variés tout au long de la journée pour les plus petits, mini-bibliothèques roulantes, fabrique de l’info en forme de mini-master classe, interviews dessinées, balade commentée avec les auteurs dans les expos donnent des possibilités d’échanges, de rencontres et de découvertes diverses et potentiellement enrichissantes pour tous.

5 Des expos… à voir

Les années passées, le festival se distinguait par le soin et la douce folie mise souvent à mettre en scène et en volume les différentes expositions – jamais réduites à l’alignement de planches sur des cimaises. La nouvelle configuration des lieux et l’utilisation des « vagues » à la fois comme murs de démarcation mais aussi de supports des oeuvres, banalise en partie cet aspect. Mais pas totalement.

On reviendra, durant ces deux prochains jours, plus en détails sur ces expositions. Pour l’heure, on va se contenter de constater que quelques éléments de décors originaux en volume, même ponctuels, donnent ainsi du relief à certaines d’entre elles : une fleur et une petit robe « mondrianesque » dans la superbe et épurée expo consacrée à « La fleur dans l’atelier de Mondrian » ; une 4L ou un lit d’hôpital pour celle dédié au travail du scénariste Zidrou, un Zep… en Pez (les fameux petite bonbons).

D’autres sont allés encore plus loin. Ainsi du parcours labyrinthique de l’expo « 20 ans de Tchô » ou du décor monumental des vaisseaux spatiaux signés Reno. Mais, dans le registre, de la mise en espace d’un univers, deux expos sont vraiment au top: la « maison » viking reconstituant l’univers de la série Bjorn le morphir d’une part, et la reconstruction rétro de l’atmosphère des pirates des caraïbes (mais mélangées à Alice au pays des merveilles dirigé par Terry Gilliam) de La fille maudite du capitaine pirate ; décor bluffant (autant que ses planches) que l’auteur lui-même, Jeremy Bastian, participait encore à finaliser ce vendredi 1er juin.

Témoignage d’un investissement de chacun et de tous qui vient confirmer ces propos de Pascal Mériaux, en clôture de la cérémonie d’inauguration, rappelant la genèse de la manifestation qu’il a participé à créer en 1996 : « On fait tout cela parce qu’on a été touché par des livres, puis par rencontres avec des auteurs« . Parfaite définition d’un (bon) festival de bande dessinée, lieu dédié à cette découverte des albums et de ceux qui les font.

 

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