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Zep: « On est une espèce qui a besoin qu’on lui raconte des histoires

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Invité d’honneur des 23e Rendez-vous de la bande dessinée d’Amiens, qui se tiennent ce week-end, Zep, 50 ans, revient sur son parcours, le succès de Titeuf, son célèbre personnage à la mèche blonde et sa dernière BD, un thriller écologique.

Zep, connaissiez-vous les Rendez-vous de la BD d’Amiens avant d’accepter d’en faire l’affiche?
Oui, c’est un salon dont j’entends parler depuis des années. Il est très connu dans le métier.’est l’un des deux ou trois importants en France. L’association organisatrice est composée de gens passionnés qui font un travail sur la bande dessinée toute l’année. Je sais qu’avec le changement de lieu, les expositions dureront plus longtemps et ça, c’est appréciable.

On va beaucoup parler de Titeuf ce week-end, êtes-vous encore surpris par sa cote de popularité, vingt-six ans après sa naissance?
Oui, c’est toujours aussi génial. J’en suis reconnaissant aux lecteurs. Les albums de Titeuf sont transgénérationnels, ils peuvent passer de parents à enfants et même quelques fois de grands-parents à petits-enfants. J’ai créé Titeuf pour aborder, d’une autre manière, des sujets de société un peu casse-gueule. Par le biais d’un gag, c’est toujours plus facile de parler de racket, de problèmes scolaires, de racisme, de questions autour de la scolarité. Le succès de Titeuf s’est beaucoup propagé grâce à ça.

Croisez-vous des parents qui vous remercient ?
Oui souvent. Ce qui est assez touchant, ce sont les jeunes parents qui me disent qu’ils ont grandi avec Titeuf. Ils l’ont lu à 10 ans et maintenant ils en ont 30. Ça me procure beaucoup d’émotions.

J’étais un enfant assez rêveur

Quel type d’enfant étiez-vous ?
J’étais un enfant dans la lune, assez rêveur. J’imaginais plus de choses que je n’en faisais. Je pensais à beaucoup de bêtises mais je ne les faisais pas. J’étais plus timoré que Titeuf et aujourd’hui je l’utilise crapuleusement pour faire ce que je n’osais pas (rires).

Vous auriez rêvé avoir la même vie que Titeuf ?
Pas forcément. Il faut avouer qu’il s’en prend plein la gueule ! Je ne suis pas sûr que beaucoup d’enfants en rêvent. En fait Titeuf, agit plus comme une forme de paratonnerre car il fait des choses qu’on aimerait faire mais qui risquent de mal tourner. C’est aussi ça le rôle des personnages de fiction, de nous permettre de connaître des aventures que, par bonheur, on n’a pas besoin de vivre en vrai.

Vous n’avez jamais rencontré d’enfants qui lui ressemblent ?
Certains. Notamment des enfants curieux et plein d’imagination !

Vous avez toujours voulu faire de la BD ?
Oui, j’en lisais beaucoup, comme dans mon entourage. Mes parents, mes tantes, mes grands-mères. La BD faisait partie de la culture familiale. Souvent autour du rire. Franquin, Morris, Uderzo, Gotlib… On se marrait beaucoup avec mon père. Le fait de le voir rire grâce à une bande dessinée achetée par moi me rendait fier. Car d’une certaine manière, c’était moi qui l’emmenais dans mon monde.

J’avais envie de faire du sexe quelque chose de rigolo

Comme l’humour, le sexe et l’érotisme sont assez présents dans votre œuvre…
J’ai grandi dans les années 1970 où soufflait un vent de libération sexuelle très fort. J’étais un enfant mais je percevais que ce sujet était épanouissant, rendait les gens heureux. Quand l’âge est arrivé pour moi d’avoir des rapports sexuels, l’ambiance a totalement changé avec l’apparition du sida. Les sujets liés au sexe sont devenus anxiogènes avec la prévention, la mort… Il me semblait intéressant de relayer ces questions qui peuvent nous inquiéter et nous mettre dans des culs-de-sac. Surtout quand on a l’âge de Titeuf. J’avais envie de faire du sexe quelque chose de rigolo, de ludique.

Comme Bécassine bientôt, le cinéma emprunte beaucoup à la bande dessinée ces derniers temps, qu’en pensez-vous ?
Qu’il y ait des adaptations de mon travail en dessin animé ou en film, je trouve ça sympa. En ce moment, c’est la grande mode mais je préfère rester dans mon domaine. Et puis, une bonne BD ne fera pas nécessairement un bon film.

Quel acteur verriez-vous pour jouer Titeuf ?
Gérard Depardieu! (rires) Il peut tout faire, tout jouer.

Avec The end sorti en avril, vous abordez l’écologie à travers un one-shot en style réaliste. Ce thriller est-il une mise en garde environnemental ?
J’ai cinq enfants, donc forcément l’avenir de notre planète, de l’humain m’intéresse. Surtout quand on aime les histoires comme moi. Aujourd’hui, on découvre de nouvelles choses autour de l’intelligence des arbres. Ils communiquent entre eux, ont le pouvoir de se transformer. On est en train de découvrir qu’on n’est peut-être pas l’espèce la plus intelligente sur terre. Cela change la vision de notre place sur terre. Je crois que l’humanité arrive à la fin de quelque chose, d’une idée, et que l’on doit commencer à plus considérer les espèces qui étaient là avant nous. En pensant «partenariats», sans se dire que la terre est uniquement la planète des hommes.

Une bande dessinée comme la vôtre vaut mieux qu’un ou mille discours politiques ?
Je le pense, très humblement. Si on écoute les informations toute la journée, on sera brillamment informé mais est-ce que ça touchera notre conscience? Je ne crois pas. On est une espèce qui a besoin que l’on nous raconte des histoires.

Interview dessinée de Zep, samedi 2 juin à 14h30.
Rencontre avec l’auteur dans l’expo «Les mondes de Zep», samedi 2 juin à 17 heures.
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