Prométhée, tome 16: dissidence et tome 17: le spartiate, Christophe Bec (scénario), Stefano Raffaele (dessin). Editions Soleil, 48 pages, 14,50 euros.
Ce deuxième cycle de Prométhée repart à rythme soutenu (d’où le léger rattrapage du tome 16, passé à l’époque sous le radar ; mais finalement, ces deux tomes s’inscrivent comme un diptyque, ou le début d’une même histoire.
Reprenant là où le tome 15 s’arrêtait, l’intrigue avance toujours de façon parallèle, à diverses époques.
En 2019, L’ex-champion de golf Tim Scott se voit enlevé par les extraterrestres puis envoyé en 1838, où il fournit à Teki Turan, à Torquay en Nouvelle Angleterre, un instrument permettant de résister au regard foudroyant des extraterrestres.
De retour à « son époque », il rejoint le Village avec Kellie Lambert, la conseillère du Président qui retrouve celui-ci sans plaisir. Mais ils vont être contraints de cohabiter, au cours d’une mission qui les mènera au coeur de la « zone 51 », dans le Nevada. En parallèle, les soldats ayant capturé un alien rallient aussi le Village.
Pendant ce temps, en 1959, German Denton, toujours en fuite du centre où le « projet Montalik » l’avait enfermé cherche à rejoindre sa famille, des fermiers de l’Iowa. Et les confronter au paradoxe temporel de retrouver son grand-père, dans la force de l’âge, 27 ans avant sa propre naissance.
Dernière séquence, en -414 avant J.C., avec le dernier groupe de « fugitifs » du futur, dans Syracuse assiégée par les Athéniens.
Et pour complexifier les choses, il semblerait bien que les aliens connaissent aussi des tensions, voire un conflit interne.
Ample et mystérieuse, avec un suspense assez haletant et maîtrisé, du moins dans les premiers albums, cette saga Prométhée a maintenant changé de nature et d’enjeux. Plus d’interrogation sur l’origine extraterrestre des bouleversements qui ont dévasté la planète en 2019 ; pas plus que sur leur présence ponctuelle sur Terre depuis les temps les plus anciens de l’humanité. Avec ce deuxième cycle, dans une ambiance « présente » proche désormais du récit post-apocalyptique, c’est la survie de l’humanité – ou de ce qui en reste – qui est posée. Même si les intentions des aliens demeurent toujours aussi obscures.
Les différentes trames temporelles rendent toujours un peu difficiles la lisibilité d’ensemble du récit et certaines séquences continuent à être inutilement bavardes, mais au fil des albums, les personnages récurrents s’imposent (comme le golfeur Tim Scott ou Denton) et deviennent des repères familiers. Et si l’ambition initiale de la série s’est un peu estompée, elle se maintient désormais comme une très honnête « série B » (ce qui n’a rien de péjoratif), distrayante et avec un intérêt qui se maintient d’album en album.
Côté graphisme, rien de changé non plus. Avec même une impression de finesse supplémentaire dans le dessin des personnages (la grosse faiblesse de Stefano Raffaele).
Enfin, on notera que pour les couvertures, après avoir laissé sa place à Pierre Loyvet ou à quelques « guest-stars » comme Denis Bajram ou dans le tome 16 Ronan Toulhoat, c’est Christophe Bec lui-même qui reprend la main. Et « l’éclaircie » graphique manifestée par cet avant-dernier volume semble avoir fait long feu, retournant vers les ambiances sombres et angoissantes, qui participent à l’identité de ce Prométhée.
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