Imbattable, tome 2: super-héros de proximité, Pascal Jousselin. Editions Dupuis, 46 pages, 10,95 euros.
Le « seul véritable super-héros de la bande dessinée est de retour ». De plus en plus imbattable et de plus en plus surprenant. D’autant qu’il ne se contente plus désormais de planches-gag mais se déploie dans des récits plus amples en plusieurs pages.
Toujours prêt à défendre la vieille dame qui se fait voler son sac à main où à sauver un petit chien prêt d’être écrasé par un rouleau compresseur (et sans gratification aucune), Imbattable s’affronte de nouveau à ses ennemis préférés, le savant fou (et toujours aussi maladroit et malchanceux dans ses multiples inventions foireuses) ou le Plaisantin et son talent de passe-muraille. Mais il va même avoir l’honneur d’être appelé par le Président des Etats-Unis. Et il va se retrouver aussi confronté à un extraterrestre hostile (ou simplement terrifié ?) et à une adolescente ayant le pouvoir de maîtriser la couleur.
Car, comme dans le précédent volume, Jousselin s’amuse encore ici à tordre les règles établies de la bande dessinée. Il joue donc avec les cases non plus comme une suite logique d’instants accolés et entrecoupés d’ellipses mais comme autant d’élément ayant leur propre autonomie, ce qui permet à Imbattable de glisser de l’une à l’autre en intervenant, de l’extérieur, dans le fil du récit. Mais aussi avec les phylactères (qui prennent la consistance d’un « nuage » permettant de transporter les personnages). A cela s’ajoutent, dans ce deuxième tome, la prise en compte des bordures de pages, devenues le « grand néant » pour les personnages, les couleurs (qui prennent également consistance), les recto-versos, l’ajout d’une demi-page supplémentaire afin d’obtenir un « double récit » et même une confrontation avec le classique paradoxe temporel.
Des expérimentations poussant donc encore plus loin les conventions de l’art séquentiel, qui obligent parfois à de petites contorsions mentales, mais procurent surtout un vrai plaisir. Et une mise en abîme du genre d’autant plus jouissive qu’elle est réalisée non pas dans une recherche graphique avant-gardiste mais dans un style graphique jeunesse très franco-belge classique. Une contrainte supplémentaire, brillamment dépassée par Pascal Jousselin.
Ce n’est pas par hasard qu’Imbattable a été primé plusieurs fois l’an passé et que ce tome 2 se retrouve dans les « indispensables de l’été » de l’ACBD. Mais ça, les lecteurs du Courrier picard le savent déjà, puisque certains gags de ce tome 2 ont été pré-publiés, le dimanche dans le quotidien picard, ces derniers mois.
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