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J’ai comparu

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Pour cette dernière chronique avant les vacances, laissez-moi vous rendre compte d’un procès pas comme les autres : celui lors duquel a comparu le mardi 3 juillet, à 9 heures, Tony, Jean-Claude, Roger Poulain, né le 27 juin 1967, prévenu du chef de complicité de diffamation envers particulier(s) par parole, écrit, image ou moyen de communication au public par voie électronique, commis le 15 mars 2017 à Amiens.
Mettons fin au suspense : j’ai été relaxé. Évoquer le fond de l’affaire ne serait donc pas fair-play. Disons qu’un homme condamné à une lourde peine considérait que mon article à l’audience avait porté atteinte à son honneur.
Les journalistes ne sont pas au-dessus des lois. Certes, ces dernières leur offrent une protection, sans laquelle pas une seule ligne ne pourrait paraître, surtout en ces temps troublés où la communication, fille d’Hermès, aimerait tant engloutir les descendants de Palamède. L’article 41, alinéa 4, de la loi sur la presse de 1881 dispose que « ne donneront lieu à aucune action en diffamation, injure ou outrage, ni le compte rendu fidèle fait de bonne foi des débats judiciaires, ni les discours prononcés ou les écrits produits devant les tribunaux ». A contrario, cela signifie qu’aucune immunité ne protégera l‘écho infidèle ni l’échotier de mauvaise foi. Sachez-le : au cas où notre conscience professionnelle nous ferait défaut, un juge pourrait nous la rappeler.
Si le ministère Ferry (Jules, pas Luc) a bien voulu nous consacrer un paragraphe, c’est qu’un tribunal n’est pas un théâtre. Ceux dont nous contons l’histoire et dévoilons parfois l’identité, ne sont pas des personnages ; ce sont de vrais gens, meurtris quand ils sont victimes, mais aussi lorsqu’ils posent leur séant sur le banc d’infamie. Ils ont des droits, dont celui de ne pas être livrés à la vindicte. Respecter et informer : dans aucun autre lieu qu’un prétoire ces deux devoirs sacrés semblent si inconciliables. Je sais quel ouragan représente un article quand il balaie un homme mais aussi une famille, un cercle d’amis, une entreprise. J’en tremble parfois…
Sachez enfin que tout habitué des tribunaux que je suis, tout persuadé de ma bonne foi que j’étais, je n’en menais pas large, mardi, lorsque mon nom fut appelé. Vous aussi, persuadés d’en être à l’abri, pouvez connaître cette épreuve, un jour. Vous renâclerez peut-être, par flemme ou pingrerie, à vous attacher les services d’un avocat. Le mien se nommait Me Riglaire, humain et pédagogue, et j’ai rudement apprécié qu’il parlât mieux que moi au soutien de mes intérêts…
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