Route end, tome 1, Kaiji Nakagawa (scénario et dessin). Editions Ki-oon, 192 pages, 7,90 euros.
Taji Haruno est employé dans une entreprise spécialisée dans le nettoyage des cadavres en décomposition à Kochi, au sud de l’île de Shikoku (Japon). Aussi froid que la glace, le jeune homme travaille au sein d’une équipe au cœur bien accroché. Les cadavres découverts sur le tard laissent des traces insupportables pour le commun des mortels. Pas pour Taji qui connaît la mort depuis son enfance et le jour où il a vu le corps de sa mère se balancer au bout d’une corde… Un traumatisme toujours ancré mais chaque nettoyage agit sur lui comme une catharsis.
Un jour, son quotidien est bouleversé par une série de meurtres. Découvertes tardivement, les victimes, que rien ne relie, ont été découpées en morceaux pour former, à chaque fois, le mot « End ». Taji et son équipe sont chargés de nettoyer la dernière scène de crime et l’affaire prend une tournure personnelle pour le jeune homme lorsqu’il découvre que son patron, avec qui il entretient un rapport quasi paternel, est peut-être impliqué dans ces meurtres horribles. En parallèle, il fait connaissance avec la cynique et tourmentée inspectrice Akina Igarashi chargée de l’enquête qui se remet à peine du suicide de son jeune frère. Un attelage déroutant mais peut-être pas si incongru pour mener cette chasse à l’homme…
Manga de type seinen, Route End est un thriller qui nous plonge au cœur d’une profession méconnue, celle de « nettoyeur spécialisé ». Un métier discret qui s’est répandu ces dernières années au Japon. Lorsque des personnes âgées vivant seules décèdent, il arrive que l’on mette plusieurs semaines, voire plusieurs mois, à découvrir leurs corps. Ce phénomène porte le nom de « kodokushi » voulant dire « mort solitaire ». On estime ainsi à environ 30 000 cas par an dans l’archipel. C’est là que le ou les nettoyeurs spécialisés interviennent. Recouverts d’une tenue de protection blanche et munis de gants en caoutchouc, ces hommes et femmes de l’ombre sillonnent les grandes villes nippones pour remettre « en état » des lieux à l’odeur pestilentielle, le plus souvent couverts d’asticots et de fluides corporels, en fonction de l’état de décomposition des corps retrouvés…
Taji, l’un des protagonistes principaux de Route End, exerce cette profession. Dans le même style, on peut également citer la série télévisée franco-britannique Spotless où l’on suit les péripéties de Jean, un père de famille gérant une entreprise de nettoyage de scènes de crimes. Passionné par ce métier pas les autres, Taji va, lui, très vite se retrouver pris au cœur d’une enquête policière peu commune. Un tueur en série, un jeu de pistes rythmé par la découverte des cadavres, de multiples rebondissements, des personnages complexes, des blessures du passé qui resurgissent…, il faut bien avouer que ce thriller psychologique ne manque pas de ressorts.
Sans tomber dans le tout morbide, le jeune mangaka, Kaiji Nakagawa, livre un premier tome plutôt bien ficelé. Côté dessin, le trait est aussi épuré que précis et détaillé notamment pour ce qui est des scènes de crime et de certains décors comme le sanctuaire où Taiji et Igarashi tombent nez à nez avec un suicidaire. Un manga sans tache à découvrir.
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