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La faute à Voltaire…

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Voltaire amoureux, tome 1, Clément Oubrerie. Editions Les Arènes, 108 pages, 20 euros.

Par une drôle de coïncidence, Marguerite Abouet et Clément Oubrerie, respectivement scénariste et dessinateur de la série Aya de Yopougon viennent de sortir quasiment en même temps leurs albums. Mais cette fois-ci chacun de leur côté. Si Marguerite Abouet est restée fidèle à son Afrique natale, son complice Clément Oubrerie a choisi de faire un saut dans le temps, dans l’espace. Et en assurant aussi le scénario. C’est la faute à Voltaire !

L’histoire commence dans un cachet la Bastille, la célèbre prison avant l’Opéra, en l’an de grâce 1717 sous la régence de Philippe D’Orléans. Un homme d’une vingtaine d’années nommé François Marie Arouet, mais se faisant appeler Voltaire, y croupit pour avoir publié des libelles un peu trop irréverencieux. Sitôt libéré, le jeune homme bravache et arrogant, auteur dramatique à succès, reprendra sa plume sans craindre de braver le pouvoir en place et surtout pour séduire les jolies aristocrates de cette société parisienne frivole et libertine du début du XVIIIe siècle.

Dans la bande dessinée de Clément Oubrerie, l’image d’Epinal du vieux philosophe sage, auteur des Lettres Philosophiques, ardent défenseur de la tolérance contre l’obscurantisme religieux, est bien écornée. Un peu comme dans Amadeus de Milos Forman, ayant permis de découvrir sous un nouveau jour Mozart jeune, Clément Oubrerie désacralise ici le monument de la littérature française pour en faire un Rastignac d’origine bourgeoise, ambitieux, frivole et hautain (voire parfois un peu lâche).
Du haut de ses 24 ans, il veut conquérir la société hiérarchisée de l’époque, avec son arme de séduction massive : ses mots. Cela lui vaudra de nombreux admirateurs et surtout admiratrices (dont il tombe régulièrement amoureux) mais inversement de farouches ennemis.

Le dessin, faisant par moment penser à celui de Christophe Blain dans sa série Isaac le Pirate, et le formidable travail sur les couleurs, restituent l’atmosphère de l’époque. On apprécie particulièrement les personnages de nobles emperruqués ou de nobles dames au décolleté vertigineux, dignes de films de capes et d’épée. Clément Oubrerie s’attache aussi à décrire la vie parisienne de ce début du siècle communément appelé « des Lumières », les salons littéraires, la cour ou les bas-fonds de la capitale. Certains dessins sur une page entière sont même conçus comme des petits tableaux représentant les anciens quartiers de Paris.

Voltaire amoureux est aussi et surtout un récit jubilatoire sur un Voltaire maladroit dans ses amours. Et si on tombe par terre de rire, c’est bien de sa faute !

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