Réalisée par l’association du festival Quai des Bulles, à Saint-Malo, « Chapeau bas Spirou ! » se propose de revenir sur l’histoire du plus célèbre groom de la BD, qui fête cette année ses 80 ans.
Outre un climat aéré tout à fait propice par temps caniculaires, une vue magnifique et une vraie personnalité, Saint-Malo accueille jusqu’à fin octobre une jolie exposition consacrée à Spirou et à son histoire. Il est vrai que le héros est aussi un peu malouin, puisque c’est dans ce port d’Ille-et-Vilaine que son créateur, Robert Velter, alias Rob-Vel, finit sa vie. Et puis, comme le rappelle aussi Gérard Cousseau, scénographe de l’expo, le quatrième auteur à avoir repris le personnage, Jean-Claude Fournier, était aussi breton (et on lui doit l’un des meilleurs albums post-Franquin de la série avec le très bretonnant aussi Ankou).
Alors que le personnage devrait être encore dans l’actualité à la rentrée avec la parution du nouvel album d’Emile Bravo (Spirou ou l’espoir malgré tout, suite de son Journal d’un ingénu), c’est à une plongée dans toute l’histoire du personnage qu’a concocté l’équipe du festival Quai des Bulles, dans l’enceinte, étonnante, de la chapelle Saint-Sauveur, au coeur des remparts de la cité corsaire.

Accueilli par un Spirou géant, le visiteur est incité à monter d’abord à bord d’un coin de bateau, rappel des origines du héros, inspiré à Rob-Vel par les petits grooms des paquebots transatlantiques que le dessinateur avait fréquenté pour avoir travaillé dans des studios de dessin à New York. Puis, d’alcôves en alcôves – les ex-chapelles latérales – quatre-vingts ans d’histoire se déroulent, de manière chronologique.
La naissance, donc, souhaitée par l’éditeur belge Jean Dupuis, en 1938 de « Spirou le p’tit roux ». Puis sa première reprise, durant la guerre, par Jijé, après le rachat des droits du personnage à son créateur.
Cette particularité éditoriale (un peu à la mode des comics US) explique la riche généalogie d’auteurs qui se sont succédés, chacun y allant de son apport. Jijé avait imaginé le personnage de Fantasio, le journaliste alter-ego de Spirou. Franquin, qui lui succède – et demeurera l’auteur majeur – crée le Marsupilami, mais aussi le comte de Champignac, Zorglub, Seccotine, etc. Bref, il pose les bases de la saga telle qu’elle se déploie depuis. Il lui insuffle aussi une actualité parfois plus caustique ou politique, veine qu’exploitera ensuite Fournier ; ce qui lui vaudra en partie d’être débarqué, d’ailleurs. Par la suite, Nic et Cauvin, Tome et Janry (désormais plus reconnus pour leur série dérivée du Petit Spirou) puis Morvan et Munuera reprendront le flambeau, sans véritablement atteindre le même niveau. Ce sont désormais Yoann et Vehlmann qui poursuivent la saga d’un héros qui est loin de faire ses 80 ans.

Au-delà de l’aspect chronologique – enrichi de planches, de cartels explicatifs et de la possibilité de télécharger une appli pour smartphones pour des explications audio – cette exposition consacre plusieurs haltes ludiques, dans la jungle de Palombie (et un Marsupilami à retrouver) ou dans le labo du château de Champignac, et une petite vidéo qui, honnêtement, ne vaut pas le détour. Plus classique, mais plus intéressant, un long témoignage de Jean-Claude Fournier qui explique toute son histoire avec Spirou.
Enfin, justification du titre de l’exposition, sous un chapeau de Spirou géant, au centre de la nef, une quinzaine d’originaux des différents auteurs sont visibles, permettant en un coup d’oeil de voir l’évolution graphique du personnage.
Seul regret, l’absence de références des nombreux planches exposées, qui auraient méritées d’être sourcées et rapportées précisément aux albums dont elles sont extraites.
Mais si jamais vos itinéraires estivaux (ou automnaux) vous amènent vers la Haute-Bretagne, c’est une halte à faire.
Chapeau bas Spirou ! jusqu'au 14 octobre, chapelle Saint-Sauveur à Saint-Malo.
L’article Spirou à bon port à Saint-Malo est apparu en premier sur Courrier plus.