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L’histoire des derniers habitants de l’île de Pâques

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Esclaves de l’île de Pâques, Didier Quella-Guyot (scénario), Manu Cassier (dessin). Editions La Boîte à bulles, 80 pages, 16 euros.

L’île de Pâques est associée, pour l’éternité à ses « Moaïs », ces mystérieuses statues géantes au regard imperturbable. De quoi faire oublier que cette îlot du Pacifique, au large des côtes chiliennes était encore peuplée jusqu’au milieu du XIXe siècle, avant qu’en quelques décennies, ces Pascuans ne soient quasi éradiqués, par l’esclavage, la maladie, la religion et la folie des grandeurs. Toutes importées par les occidentaux sûrs de leur fait.  Le début de la fin pour les Pascuans commence vers 1860, lorsque les Péruviens viennent faire une razzia d’hommes et de femmes, afin d’en faire de la main d’oeuvre docile pour leurs mines de guano. Les quelques centaines d’individus qui survécurent furent finalement rapatriés, mais ils ramenèrent sur leur île des maladies contagieuses.
En 1863, parti de Tahiti, un jeune prêtre français, Eugène Eyraud décide d’aller évangéliser l’île de Pâques. Aidé par un indigène ayant survécu à l’esclavage péruvien, Pana, il se heurte à une forte hostilité. Mais avec l’appui ultérieur d’autres missionnaires, l’Eglise parvient à faire des Pascuans survivants de « bons chrétiens » – faisant disparaître surtout leurs rites ancestraux.
Reste le coup de grâce. En 1867, un ambitieux marin venu du Poitou, Jean-Baptiste Dutrou-Bornier accoste sur l’île et, progressivement, jouant des tensions entre clans, il en devient le propriétaire, puis « le roi ». L’écrivain-voyageur Pierre Loti témoignera dans ses carnets de cette situation. A la mort de Dutrou-Bornier, dix ans plus tard, il ne reste moins de 200 indigènes et une île ravagée par la violence et la déforestation.

C’est cette histoire méconnue – voire parfaitement ignorée – que content ici avec talent Didier Quella-Guyot et Manu Cassier. Incarnée à travers quelques figures, comme les personnages évoqués plus hauts et quelques autres, l’histoire est aussi bien séquencée à travers les trois étapes du calvaire pascuan. Autant de chapitres mis en images comme un vrai récit d’aventures dans un style semi-réaliste sobre et très lisible par Manu Cassier. En couverture, le visage inquiet des Pascuans illustre d’ailleurs bien cette détresse. Une chute d’une civilisation oubliée qui revit bien dans ce petit livre d’histoire illustrée.

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