Quantcast
Channel: Courrier plus
Viewing all articles
Browse latest Browse all 1764

La vie, comme elle vient

$
0
0

Je vais rester, Lewis Trondheim (scénario), Hubert Chevillard (dessin). Editions Rue de Sèvres, 120 pages, 18 euros.

Un récit d’été inattendu. Fabienne et Roland, un couple tout ce qu’il y a de plus banal, dans la cinquantaine, arrive à Palavas-les-Flots pour une semaine de vacances. Mais en se baladant sur le port, Roland est victime d’un accident improbable: un violent coup de vent, un panneau en métal qui s’échappe… et vient décapiter le mari ! Fabienne se retrouve seule et décide, contre toute attente, de rester sur place. Entre sidération et déni. Elle va s’employer à suivre scrupuleusement le planning établi par son maniaque de (défunt) époux. Son chemin va aussi la conduire à croiser Paco, un drôle de vendeur de produits tibétaine et qui collectionne les coupures de presse relatant les morts les plus étonnantes… Très empathique, il va accompagner Fabienne lors de ce séjour pas comme les autres.

Voilà ce qui s’appelle une histoire très surprenante. Pas étonnant de la part du conteur à l’imagination particulièrement fertile qu’est Lewis Trondheim. Mais déstabilisant quand même.
D’entrée, le choc de cette mort absurde, évoquée particulièrement sobrement, en quatre cases muettes ; puis l’attitude, tout aussi incompréhensible, rationnellement, de l’épouse qui semble faire comme si le décès de son mari n’avait pas eu lieu, qui délaisse l’enterrement, ne parle nullement de son deuil et poursuit ses vacances comme si de rien n’était ; puis la rencontre avec cet étonnant personnage qu’est Paco, que l’on apprendra à connaître un peu mieux au fil des pages.

Tout cela pourrait paraître totalement incroyable, mais un rythme paisible s’installe… Et c’est sans doute encore le plus étonnant de tout, dans cette histoire restituée par Hubert Chevillard dans un style semi-réaliste, avec un trait doux et des couleurs pastel qui font songer à Magasin général, la saga de Loisel et Tripp. On y retrouve d’ailleurs cette même dilatation du quotidien, avec un temps qui s’écoule avec lenteur et l’incertitude pour le lecteur, de voir où ce récit va l’emmener, dans l’attente d’un rebondissement… qui viendra ou pas, dans cette semaine au bord de la mer. Une parenthèse qui n’a rien d’enchanté, du moins au départ, mais qui laisse au final une étonnante sensation de sérénité.

Ce site utilise des cookies. Les cookies nous permettent de vous apporter des contenus et services adaptés à votre navigation et d'optimiser votre expérience du site grâce aux statistiques d'audience.

L’article La vie, comme elle vient est apparu en premier sur Courrier plus.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 1764

Trending Articles