Camel Joe, Claire Duplan. Editions Rue de l’Echiquier, 128 pages, 16,50 euros.
Nouveau venu dans le monde de la bande dessinée, Rue de l’Echiquier s’est déjà fait remarquer par quelques jolis petits albums (notamment ce Tour de la Belgique en vélo). En cette rentrée, ce premier album d’une jeune illustratrice frappe fort. En racontant la vie d’une jeune illustratrice dans le Paris d’aujourd’hui.
Constance est une jeune femme moderne, libre, créative, exigeante, féministe, positive, bienveillante et convaincue de ses opinions, mais confrontée tous les jours à une société “patriarcale, hétéro-normée” où les femmes sont victimes d’injustices et de violences qui la hérissent. Alors, entre une commande d’illustration publicitaire pour des cosmétiques et un concert punk pour aller écouter ses copines des Worst Coast, elle crée une BD avec une super-héroïne féministe en leggings panthère qui “clashe” sans pitié les gros relous, Camel Joe (jeu de mot avec le “camel toe”: “la forme de ton minou qui fait une patte de chameau” quand le pantalon est trop moulant).
Sur le point d’être éditée et alors qu’un scandale sexuel prend de l’ampleur autour de la star Rod Sexy, objet de multiples plaintes pour agressions sexuelles, Constance se lâche sur son blog dessiné. Pour faire comprendre le concept de consentement et la différence entre flirt et harcèlement, elle conseille aux “relous”, avant d’agir, de “s’assoir sur sa bite” et de réfléchir. Le mouvement #SitOnYourOwnDick prend vite de l’ampleur sur les réseaux sociaux, mais Constance devient aussi la cible de multiples attaques. Sans être soutenue comme elle l’aurait espéré par son compagnon. Mais heureusement, Camel Joe saura peut être l’aider…
Voici une bande dessinée bien de son temps, à l’heure de #MeToo. Volontiers directe, parfois trash, évoquant aussi bien donc le “camel toe” que l’intérêt de verser le sang menstruel dilué sur les plantes vertes (explication de l’image de couverture) ou les discussions très osées entre copines, Claire Duplan fait montre d’une joyeuse énergie, à l’image de son style graphique: un trait simple, jeté et ne cherchant pas à faire joli, pas franchement “girly”. Elle porte surtout, avec ironie et autodérision, un message clair et tranché. Et une parole féminine autant que féministe en toute liberté. Sans tabou, mais non sans humour.
A noter aussi la préface dessinée par Pénélope Bagieu, décrivant les “patriarcAvenger” – SuperMascu, SuperOnPeutPlusRienDire et SuperMédaille – qui donne bien le ton aux pages qui vont suivre.
Camel Joie !
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