Siné mensuel fête ses dix ans. Et démontre chaque mois qu’il tient la forme.
Pour ses dix ans, c’est ce qui s’appelle un beau scoop : une interview exclusive d’Emmanuel Macron, illustrée en couv’ par Jiho… Un beau scoop et surtout une bonne blague puisqu’inutile de chercher dans les 31 pages qui suivent un quelconque entretien avec le Président ! Ce qui ne veut pas dire qu’il est absent: Guillaume Meurice, en édito, proclame que “le roi est nul“, Christophe Alévêque le dépeint en “fou qui dirige l’asile” et plusieurs dessins brocardent joyeusement le locataire de l’Elysée. Par ailleurs, le journal a pu boucler suffisamment tard pour revenir sur le départ de Nicolas Hulot (dont une jolie chronique de Jean-Marie Laclavetine).
Privé de son fondateur depuis plus de deux ans, Siné Mensuel prouve surtout, notamment avec ce nouveau numéro, qu’il a su rebondir et pérenniser un ton et une formule bien balancés, entre chroniques, reportages et bien sûr dessins satiriques. Une répartition qui fonctionne encore fort bien cette fois.
Côté chroniqueurs, le casting est assez impressionnant, avec les historiques Isabel Alonso, Christophe Alévêque, Jean-Marie Laclavetine et le correspondant en Israël Michel Warschawski, auxquels se sont plus récemment joints François Morel, Guillaume Meurice, Patrick Pelloux et même cette fois… Didier Porte. Côté récits journalistiques, deux enquêtes qui interpellent. L’une sur une tentative d’attentat en France contre les moudjahidines du peuple, l’autre – qui fera encore plus réagir – sur un accident de la route en Bretagne, en lien avec le passage – à grande vitesse – du cortège présidentiel. A noter aussi un entretien stimulant avec l’anar Serge Livrozet ou un rappel historique des aléas de la liberté de la presse en France par l’historien de la presse Stéphane Mazurier.
Pour ce qui est de l’aspect graphique et des dessins de presse, en plus des “amuse-gueules”, vraie page d’éditos dessinés cinglants (sur Benalla, le départ de Hulot, les scandales pédophiles dans l’Eglise), les pages “cartes blanches” laissées aux auteurs sont encore bien senties. Ainsi, Faujour raconte un prélèvement à la source directement à la banque, Lindingre déplore la fin des buffets de gare et gerbe sur les Starbucks, Berth évoque l’euthanasie en fou rire terminal.
Le plan pauvreté du gouvernement a lui droit à un double traitement grinçant avec Jiho et Lacombe.
Enfin, la partie “anniversaire” est évoquée à travers des témoignages de lectrices et lecteurs. En attendant la sortie, le 19 septembre, d’un hors-série (10 ans à faire mal… Et ça fait du bien), où l’on retrouvera, sous forme d’abécédaire, une sélection de textes et quelque 300 dessins choisis parmi les numéros de la décennie. Mais bon, on y reviendra plus en détail.
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