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Politiquement correct : Gardin notre sang-froid

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Blanche Gardin sur l’écran du Gaumont d’Amiens.

      Les femmes m’ont beaucoup appris. Moi qui, en dehors de Louis de Funès, de Bourvil, de Pierre Desproges, de Maurice Biraud, de Pierre Dac et de Francis Blanche, m’émeus si peu devant les comiques et autres humoristes (surtout ceux des nouvelles générations), mon doux petit Milou, d’abord, me fit découvrir Blanche Gardin. Les mois passèrent; j’oubliais Blanche. Mon petit Gnou me rafraîchit, ensuite, la mémoire en exposant sous mon long nez de Ternois et mon regard bovin et vide, deux ou trois clips YouTube des nouvelles créations scéniques de notre sacrée Blanche. Quel bonheur! Cela me fit bien rire. Le jeudi 21 mars, je décidais donc de me rendre au Gaumont, à Amiens, afin d’assister à la retransmission sur grand écran du dernier spectacle parisien de la (Francis) Blanche Gardin, intitulé Bonne Nuit Blanche donné à l’Européen. (Le bénéfice de ces soirées est reversé à la Fondation abbé Pierre et à l’association Les Enfants du Canal.) Salle pleine à craquer; ambiance surchauffée. On est en droit de le comprendre. Elle dépote, la Blanche! Elle se pointe sur scène en adorable petite robe bleu cobalt façon Blanche Neige. Elle arrive tout doucement, annonce quelques banalités. Se chauffe un peu. Puis, de sa voix posée, elle balance de douces horreurs. Le sexe d’abord: fellation ragoûtante, sodomie ratée… rien ne lui fait peur. Les féministes intégristes, les indéfendables adeptes de la guerre des sexes, en prennent pour leur grade. Ça fait un bien fou. Les ignobles machos à poils durs ne sont pas épargnés. On est en droit de ne pas s’en plaindre et de rigoler à gorge déployée. On rit encore quand elle brocarde ses consœurs qui voient du harcèlement à tous les coins de rue. Bref: Blanche tire sur tout ce qui bouge. Elle se fiche de la bien pensance véhiculée par une certaine gauche moralisatrice et une droite castratrice; elle envoie paître le politiquement correct. Francis Blanche, Pierre Dac, Maurice Biraud, Pierre Desproges l’avaient fait avant elle; c’est peut-être pour cela que j’ai tellement ri ce soir-là, au Gaumont. Or, quelle ne fut pas ma surprise, trois ou quatre jours plus tard, d’apprendre par l’indéfendable site Égalité et réconciliation, fondé en 2007 par le tout aussi indéfendable Alain Soral que notre Blanche Gardin allait disparaître des écrans pour s’être moqué, dans un de ses sketches, de Charlie et de la Shoah. J’ai regardé le sketch en question. Pas de quoi fouetter un chat. Certes, ce n’est pas du meilleur goût mais quand on tape sur tout, il n’est pas rare qu’on soit en équilibre sur la ligne à ne pas franchir. L’antisémitisme est une horreur absolue. Les fumiers qui ont perpétré la Shoah ne méritent que douze balles dans leur couenne de porcs de nazis. Les tout aussi petit fumiers qui ont commis les attentats chez Charlie sont tout autant répugnants. Que la mignonne Gardin pense le contraire (comme le sous-entend Soral, le récupérateur) nous étonnerait beaucoup. Elle ne disparaîtra pas de la scène ni des écrans. Son public est assez intelligent pour que cela ne se produise pas.

                                                              Dimanche 31 mars 2019.

 

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