Gibrat, l’hiver en été, art-book de Jean-Pierre Gibrat. Editions Daniel Maghen, 175 pages, 39 euros. Tirage de tête (375 exemplaires, dos toilé, étui sérigraphié), 212 pages, 200 euros.
Jean-Pierre Gibrat avait déjà eu droit à un art-book, publié aux éditions Dupuis. Et plusieurs de ses dessins se sont aussi retrouvés dans divers catalogues des ventes aux enchères co-réalisées par Christie’s avec la galerie Daniel Maghen. Mais ce nouveau “beau livre” se distingue par le choix de dessins récents, et des choses peu vues, “puisqu’à 95% dans les mains de collectionneurs privés”, comme l’auteur s’en explique dans dBD d’avril 2019.

Consacré au travail de Gibrat de ces vingt dernières années, et plus particulièrement à ses séries les plus emblématiques, le Sursis, Le Vol du Corbeau et Mattéo, le livre associe quelques planches, beaucoup d’illustrations (d’affiches, de couv’ et d’inédits) mais aussi des dessins en noir et blanc juxtaposés avec leur version mise en couleurs ; une belle idée qui fait ainsi ressortir le trait et le foisonnement de ces grands formats qui apparaissent curieusement très différents de la version passée à l’aquarelle.
On y retrouve bien sûr les fameuses héroïnes de Gibrat: Cécile du Sursis et sa robe à rouge à pois blancs, Jeanne et son béret sur les toits de Paris, la Juliette de Mattéo et quelques autres, si séduisantes et semblables mais avec chacune leur personnalité propre.
Dans les portraits comme les scènes de foule – un départ de train pour l’Espagne en 1936, un quai parisien sous l’occupation, une vue de la débâcle de 1940, un bivouac de Poilus, etc. – on tombe sous le charme de ce dessin sensible, de la finesse du trait et de l’empathie pour ses personnages que manifeste Jean-Pierre Gibrat.

Une empathie et une chaleur que l’on retrouve dans le long entretien qui accompagne et parsème l’ouvrage, menée par Rebecca Manzoni, animatrice de France Inter mais aussi amie de longue date de Gibrat. Un échange en forme de discussion amicale, qui est l’occasion pour le dessinateur de revenir sur ses origines familiales, ses débuts à Pilote, sa complicité avec Berroyer puis le tournant dans sa carrière avec le Sursis, mais aussi des confidences plus personnelles, notamment sur la place importante de la musique (et son amour pour Jimmy Hendrix et Joni Mitchell).
Un beau et bon livre, à l’image des personnages qui y figurent.

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