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La belle langue d’Antoine Blondin

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Il est des semaines chargées comme la langue d’Antoine Blondin.

Le groupe She Loves Disco.

Difficile d’y échapper; on court partout. Tout semble intéressant, distrayant, fou. La vie, parfois, me semble encore plus cyclothymique que mes humeurs incertaines. Ainsi, un soir récent, doux comme l’intérieur d’une figue (d’une fille? Non, on n’a plus le droit d’écrire ça, horrible marquis concupiscent!), mon copain journaliste Carlos m’invita, discrètement comme il se doit, à effectuer une courte escapade à notre bar de prédilection: le Bistrot Saint-Germain, rue du général Leclerc, à Amiens. Pour ce faire, afin de ne pas être suspecté de débaucher la nouvelle génération sobre, saine, non fumeuse et en pleine forme de la rédaction, il utilisa le langage codé qui nous est cher. Il s’approcha sournoisement du fond de l’open space où j’étais en train de rêvasser mollement, et se délesta de la phrase fatidique tel un Pierre Dac ou un Franck Bauer à la BBC, en 1943, au cours de l’émission Ici Londres, Les Français parlent aux Français: «Ça sent bon le houblon, ici!» Message reçu cinq sur cinq. Il se glissa discrètement vers la porte de sortie, se coulina dans l’ascenseur tel un python. Je ne le suivis point afin de ne pas éveiller les soupçons. Un quart d’heure plus tard, je le retrouvai au Saint-Germain. Manu, le patron, était en train de verser quelque liquide bio vermeil dans de beaux verres anciens, tandis qu’un trio (deux guitaristes et un bassiste) intitulé She Loves Disco, s’adonnait à une musique qui ne devait rien au disco. Leur pop-rock est assez funky, quelques thèmes en boucles, un peu de pédale wha-wha (cette belle invention très seventies, chère à Jimi Hendrix, aujourd’hui moins usitée). Étrange mais pas mal malgré un son qui ne les mettait pas en valeur. Leur camarade Rico, barman de mon cher Bar du Midi (BDM), bœufa avec eux vers la fin de leur set, en chantant quelques classiques. Belle ambiance.

Le lendemain, je me rendis à la librairie du Labyrinthe pour y saluer mon ami François Ruffin qui y dédicaçait son remarquable dernier livre Ce pays que tu ne connais pas (éd. Les Arènes) dans lequel il assassine de 224 pages dans la nuque l’indéfendable Emmanuel Macron et où il dit tout le bien qu’il pense de nos Gilets jaunes adorés. Le dimanche matin, je m’envolais à bord de mon jet privé piloté par Carlos. Direction: l’aéroport du Crotoy. Les organisateurs du salon du livre, Lire en Baie (dont la sympathique Jeanine Bourgau, maire) avaient eu la gentillesse de m’y convier.

Henri Sannier : journaliste dans l’âme, homme généreux et maire épatant.
Jacques Darras, poète et écrivain. Amiens. Décembre 2013. Photo : Philippe Lacoche.
Marc Mangin, écrivain, voyageur, éditeur, responsable de l’excellente maison d’édition Sipayat. Photo : Philippe Lacoche.
La charmante Agnès Glancier, écrivain. Photo : Philippe Lacoche.

J’y retrouvais avec un plaisir non dissimulé mes confrères et collègues Henri Sannier (je connais Henri depuis le milieu des années 1980, date de mon arrivée comme responsable de l’édition Picardie maritime, à Abbeville; c’est un journaliste dans l’âme, un homme généreux et un maire épatant), Jacques Darras (qui me félicita après m’avoir observé pendant une heure en train d’écrire, à ma table de dédicace, malgré le brouhaha, une nouvelle que j’avais promise à la Marquise; elle est en train de réaliser un recueil collectif), Marc Mangin (grand voyageur, ancien du Courrier picard, créateur des éditions Sipayat – 16 bd Drion, 59580 Aniche), etc. Et je fis la connaissance de la charmante Agnès Glancier qui signait ses livres aux côtés de la Marquise. De très belles rencontres relevées par l’air iodé et salicornée du Crotoy.

Dimanche 16 juin 2019.

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