Graines de bandit, Yvon Roy. Editions Rue de Sèvres, 192 pages, 18 euros.
Au Canada, dans les années 1970, une famille américaine cherche une contrée encore sauvage, loin de la ville pour fuir le temple de la modernité. Elle croit trouver son coin d’Eden mais rien ne se passe comme prévu et l’enfer succède à ce paradis sur terre. Le couple, au départ très uni, s’éloigne petit à petit entre un père se réfugiant dans la religion et une mère dans l’alcoolisme, coupable de colères terribles et d’accès de violences contre ses deux fils âgés d’une dizaine d’années.
Heureusement, les deux jeunes frères, très différents mais unis, réussissent à s’évader de cette atmosphère oppressante en faisant les 400 coups dans les champs et la forêt. Ils partent explorer la nature environnante, construisent un igloo en plein hiver et élaborent un kart de compétition pour une course avec une bande de jeunes. Pour défendre leur territoire, ils sont même capables de se mettre hors-la-loi en tentant de stopper une construction de chantier. Ces graines de bandit, comme les appelle leur mère, retrouvent sur le long et délicat chemin de l’apprentissage de la vie, en construisant eux-mêmes leurs propres repères.
Avec Graines de bandits, Yvon Roy, auteur québécois spécialisé dans l’illustration jeunesse, revient dans le genre autobiographique qu’il avait expérimenté avec talent dans son précédent album Les Petites victoires.
Après avoir évoqué sa vie de jeune père d’un enfant autiste, il retrace ici son enfance, dans une province canadienne, au milieu des années 1970, avec son frère aîné et ses parents qui sombrent peu à peu dans une spirale négative. Heureusement il existe une tendre et réelle complicité qui unit l’aîné, petit génie, genre de trouve-tout fourmillant d’idées, et le benjamin, casse-cou de service rêvant de conquête, de gloire et de filles, parfaitement bien décrite dans l’album.
Le trait délicat en noir et blanc confère à ce récit une sensibilité forte. Le découpage classique et minimaliste (pas plus de cinq cases par pages) déroule bien le rythme de l’histoire se lisant comme des tranches de vie d’adolescents rebelles.
On peut cependant regretter que l’auteur fasse passer au second plan le contexte familial derrière les aventures (réelles ou fantasmées) des deux adolescents, laissant sur sa fin le lecteur quant au devenir de cette famille.
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