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No Direction, road trip à tombeaux ouverts

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 No direction, Emmanuel Moynot. Editions Sarbacane, 160 pages, 24 euros.

Jeb et Bess n’auront jamais de prêt étudiant sur le dos ni de crédit immobilier à rembourser. Pas de congés à poser, pas de SUV en leasing, pas de télé 4K, pas de bonnes relations de voisinage à entretenir. Ces deux paumés ont pris la tangente avant même de pouvoir s’engager sur l’autoroute du rêve américain.

Jebediah a embrassé très tôt une carrière prometteuse de tueur en série et  embarqué Bess – allez savoir pourquoi – dans son road trip morbide, fuyant une Amérique déboussolée qui ne veut pas d’eux et dont ils ne veulent pas. Dans leur périple, ils seront amenés à croiser – parfois tragiquement – d’autres laissés pour compte fuyant leur pénible condition.

Emmanuel Moynot propose dans ce polar choral une galerie de portraits de marginaux ordinaires, dont le seul point commun semble être la solitude profonde dans un monde qui tourne trop vite pour eux. On y croise la belle Maxine et de ses deux fils, Bo sa brute épaisse de compagnon, le Pasteur Cletus, plus amateur de jeunes filles que de vin de messe, un représentant d’aspirateurs qui sillonne les routes en Camaro, un motard sur sa Norton Commando… Pendant ce temps, le sherif adjoint Brett Edmund et l’agent spécial Thomson tentent de suivre la piste du jeune duo criminel. Des destins parallèles qui vont finir par converger sous un soleil californien… rouge sang.

Révélé au grand public depuis qu’il a repris la série Nestor Burma précédemment dessinée par Jaques Tardi, Moynot a derrière lui une carrière riche souvent lié au roman noir, comme dans l’un de ses derniers albums en date, l’Original. Une expérience ressentie dans ce No direction, qui à défaut de révolutionner le genre, déploie une grande maîtrise de ses codes.

Sur la forme, ce récit complet en vingt courts chapitres nerveux, propose un chapitre par personnage, dont les titres sonnent comme des morceaux grunge (on pense à Dinosaur Jr, Smashing pumpkins, Pearl Jam ou inévitablement Nirvana), si prompts à décrire une Amérique en perte de repères. Sans direction.

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