Spirou et Fantasio, le triomphe de Zorglub, Olivier Bocquet et Alexis Sentenac (scénario), Bric Cossu (dessin). Editions Dupuis, 60 pages, 12 euros.
Après d’autres héros ayant franchi le pas entre le 9e et le 7e art, Spirou et Fantasio déboulent aujourd’hui sur les grand écran, pour des Aventures interprétés respectivement par Thomas Solivères et Alex Lutz, accompagnés de la délicieuse Seccotine (Géraldine Nakache) et du Comte de Champignac (Christian Clavier) et toujours opposés à leur adversaire de toujours, l’ignoble Zorglub (interprété pour sa part par Ramzy).
Dans le même temps, ou presque, dans cet album « hors série », les deux héros sont confrontés à… la réalisation d’un film sur eux, assez dévastateur sur leurs personnages.
Déjà, Fantasio, qui postulait pour son propre rôle se fait recaler vertement: trop vieux, trop chauve, trop bedonnant. Spirou, lui, déprime en se découvrant trop lisse. Et dans le scénario, comme ils vont le découvrir bientôt, Spirou est devenu pickpocket et Seccotine est jouée par une brune ! Et ce n’est rien par rapport à l’étrange tournage, dirigé par un réalisateur semblant prendre ses consignes par oreillette et produit par un Zorglub plus vrai que nature. Manquant de mourir dans un accident imprévu en plein désert, Spirou, Fantasio et Seccotine vont découvrir qu’une fois encore, derrière le film se cache un mauvais scénario d’une bien plus grande ampleur.
Loin d’être l’album du film, voici donc – concept original en matière de marketing – l’album-critique du film. Comme si les auteurs, ou l’éditeur Dupuis, anticipaient les critiques à venir sur le long-métrage d’Alexandre Coffre et ses écarts avec l’univers de la série dessinée. Celui-ci est bien rappelé dans l’album, à l’aide de clins d’oeil à la turbotraction, au Fantacoptère ou aux produits miracles de Champignac à base de champignons (notamment, ici, une lotion capillaire à l’origine d’un running gag assez burlesque quant à la coiffure de Fantasio). Le style graphique développé par Brice Cossu s’éloigne en revanche de la série, voire même des « Spirou vu par… » Plus dans le trait semi-réaliste, il lorgne aussi vers le manga et se montre, en tout cas, très dynamique. A l’image d’un récit rondement mené et plein d’humour, voire d’un regard acerbe sur les pratiques sexistes au cinéma (comme de faire endosser un mini-short et un débardeur à Seccotine pour aller barouder dans le désert, où la faire se baigner nue tandis que Spirou reste habillé).
Déconstruction de leurs propres aventures, ce Triomphe de Zorglub, déploie en tout cas une mise en abîme assez intéressante et amusante sur la mode de transplantation de la bande dessinée au cinéma. Et, pour le reste, il faudra aller voir le film pour voir s’il mérite ces critiques.
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