Cinq albums sont en lice pour le prix Comics ACBD 2020, dont le lauréat devrait être révélé mi-octobre.
Le second prix Comics ACBD est sur le point d’être révélé. Et parmi les cinq albums appelés à succéder à Mister Miracle, premier lauréat, l’an passé, la sélection ne sera pas facile, vu le niveau de la sélection. Ce qui est plus évident, en revanche, et plus encore que l’an passé, c’est la volonté de prendre en compte un spectre élargi de “comics”. Et pas le réduire à la seule sphère des aventures de super-héros en collants moulants. Ceux-ci ne sont cependant pas oubliés – étant une partie intégrante du genre.
Ce sera le cas ici avec L’histoire de l’univers Marvel, de Mark Waid et Javier Rodriguez, et traduit par Mathieu Auverdin (Panini Comics). Une histoire en un seul volume qui vise à donner la cohérence interne de l’univers Marvel. Incontestablement intéressant. Mais cette bible illustrée du récit mythique du plus emblématique représentant de l’industrie des comics a, justement, un peu les inconvénients de l’autre Bible: une accumulation de récits et de personnages qui n’en fait pas pour autant une histoire très dynamique.
Le second ouvrage retenu s’apparentant à ces classiques est Batman Créature de la nuit, scénarisé par Kurt Busiek, dessiné et mis en couleur par John Paul Leon et traduit par Jérôme Wicky (Urban Comics). Cette fois, on passe à l’univers DC Comics. Là encore avec une histoire en un seul volume. Et cette fois une belle mise en abîme du personnage de Batman, à travers un récit astucieux et très référentiel.
Mais les “comics”, aujourd’hui, c’est un genre bien plus vaste. Première démonstration avec Sur la route de West, de Tillie Walden et traduit par Alice Marchand (Gallimard). Une jeune autrice qui bâtit une oeuvre à la fois très personnelle – questionnant toujours l’identité et l’orientation sexuelle – et multiple, entre genre… et genres. Après la SF délirante de xx, c’est un étrange road-trip fantasy au Texas qu’elle déroule ici. Avec une imagination et un talent certains.
Autre oeuvre d’auteur, dans un autre style, Mind MGMT de Matt Kindt et traduit par Thomas de Châteaubourg (Monsieur Toussaint L’Ouverture).
Deux volumes sur les trois de ce thriller parano et paranormal sont parus. De quoi se faire déjà une bonne idée de ce récit oscillant entre l’espionnage et l’univers des super-héros. Difficilement résumable, mais résolument attractif et bien délirant quand même.
Enfin, Kent State, de Derf Backderf et traduit par Philippe Toboul (Editions Ca et Là) montre que l’on peut lier oeuvre d’auteur et oeuvre historique, ressenti personnel et enquête approfondie. Démonstration avec ce gros livre sur la répression violente d’une manifestation étudiante en 1970 sur un campus de l’Ohio.
Une fois encore un “one shot”, percutant et très immersif.
Rappelons que ce prix récompense un album publié entre les mois d’octobre 2019 et septembre 2020, un album initialement publié par un éditeur anglophone, pour un public anglophone et dont la traduction est assurée par un éditeur francophone pour le marché français.
Le prix Comics de la Critique ACBD s’inscrit dans l’exigence graphique et narrative propre aux différents prix portés par l’Association des Critiques et journalistes de Bande dessinée.
Choisis par le comité de sélection (composé des journalistes et critiques spécialisés comics, Yaneck Chareyre, Bernard Launois, Aurélien Pigeat et Florian Rubis), les cinq albums sont ensuite soumis au vote de l’ensemble des membres de l’ACBD.
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