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Bonne année, chère Annick, lectrice du présent

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      Une admiratrice prénommée Annick, de l’est du département de la Somme, a tenu à me souhaiter un joyeux Noël par l’intermédiaire du site Facebook du journal. Elle espère que l’année prochaine, «il (N.d.A: moi) va se renouveler et nous faire faire grâc

La vitre arrière de mon carrosse 206 Peugeot, noyée par les larmes du ciel picard.

e de tous ses souvenirs que nous connaissons par cœur et de ses beuveries innombrables dont il devrait s’abstenir. (…) Vos dulcinées d’hier ne reviendront pas et vous ne serez plus à leurs yeux aussi séduisant que vous l’êtes pour vos lectrices qui peuvent vous imaginer sous votre meilleur jour puisqu’elles ne vous ont jamais vu». Merci, chère Annick. Dois-je tenir compte de ces conseils? En cette pluvieuse matinée du 4 janvier, je laisse traîner mon regard myope et astigmate sur le bureau de mon ordinateur que je m’apprête à ranger et sur lequel j’avais mis de côté quelques photographies captées lors de mes pérégrinations, avec l’arrière-pensée de les utiliser en cas de pénurie d’information. C’est le cas en ce début janvier. Pas de concerts, pas d’expositions, pas de cocktails littéraires. Devrais-je te conter par le menu, lectrice, mes deux réveillons? Celui de Noël, pris en tête à tête (fruits de mer, foie gras, vins bios) avec la Marquise, dans son château de Henriville? Celui du Jour de l’An, invités que nous étions, la Marquise et moi, chez mon ami François Cérésa (saumon, œufs de saumon, tarama, champagne et vodka glacée), à Paris, en compagnie de gens (dramaturge, grand reporter, écrivain, etc.) amusants et éclairés? Non. Ce serait là évoquer, une fois de trop, des souvenirs, et cela risquerait d’irriter ma lectrice Annick? Je laisse donc traîner mon regard las sur le bureau de mon ordinateur à la recherche d’une photo ancrée dans le présent. Celle, réalisée par mon confrère le photographe Fred Douchet, sur laquelle j’ai chaussé des lunettes à énormes foyers, des culs de bouteilles, à grosses montures qui me procurent un regard de pervers sexuel, et un vieil air de Robert Brasillach ou d’Henri Calet? Non. Celle où je pose aux côtés de Sorj Chalandon, lors de la conférence Escales des Lettres, à Lille? Non, déjà vue. Celle, très belle, prise par la Marquise, de Daniel Rondeau et de ma pomme, au Fouquet’s, à la faveur d’une séance de dédicaces? Non: déjà parue sur mon site et sur Facebook. Celle de ma vieille radio Philips qui date du début des années 1980, avant l’euro, avant la mondialisation, pendant cette France d’avant que j’aimais tant? Cette vieille radio qui a failli rendre l’âme des dizaines de fois et qui fonctionne toujours, et qui en a assez de restituer vocalement ce monde de cinglés qui la dégoûte autant qu’il me révulse? Point. Celle d’une boîte à livres, shootée dans un square près de la gare d’Amiens où l’on distingue un roman de Simenon, Le Blanc à lunettes? Non. Celle, réalisée près de la Maison de la culture d’Amiens, du portrait d’un soldat britannique de la Grande guerre, sosie de Benoît Hamon, repérée par une très chère amie Anglaise à l’accent birkinien? Non. Je choisirai dans le présent: celle de la vitre arrière de mon carrosse Peugeot 206, noyée par les larmes du ciel picard de ce matin du 4 janvier 2018? Bonne année, chère Annick.

                                                Dimanche 7 janvier 2018.

 

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